Là où le champ est animé ils vont s'amuser
Là où le champ est animé ils vont s'amuser

Jardiner en ville : enjeu citoyen ?

En juillet 2016, à l’occasion du colloque ‘Jardiner en ville’ organisé à Nantes par Plante & Cité, Joëlle Zask, chercheur philosophe à l’Université Aix-Marseille, est intervenue pour présenter son livre ‘La démocratie aux champs’ aux éditions La Découverte. Son livre décrit au cours de l’histoire et à travers des exemples dans le monde, les interactions qui existent entre les cultivateurs, les relations démocratiques et la formation à la citoyenneté.

En préambule, Joëlle Zask précise que les deux principes sur lesquels repose la démocratie libérale sont la limitation du pouvoir et la dimension populaire. Seules des habitudes dans la vie de tous les jours garantissent son maintien. Elle propose ainsi d’étudier dans quelle mesure l’activité de cultiver la terre peut favoriser les échanges, le partage et la coopération.

 

Le paysage nourricier

 

Le jardin originel, décrit dans la Bible, implique le respect des cycles naturels, avec par exemple l’instauration du shabbat de la terre (jachère). L’homme est en dialogue avec la nature. Sous cette approche, le paysan accomplit un double rôle : celui du cultivateur, qui a pour objectif de produire de la nourriture et celui de jardinier, qui doit garder la terre.

Aujourd’hui la question de cet enjeu de rôle nourricier se pose aussi dans les villes : faut-il les jardiner ou les cultiver ? Les données 2015 de la FAO nous indiquent que les cultures en ville  nourrissent 80 % de la société et qu’un urbain sur quatre jardine dans le monde. Ainsi, outre une dimension esthétique,  le jardin répond à un enjeu économique pour éviter la famine, il donne aussi du sens à l’existence.

En France, pendant la période hygiéniste du 19è siècle, par paternalisme, les jardins ouvriers sont créés pour occuper la main d’œuvre et réduire la fréquentation des cafés. Leur organisation reprend le modèle industriel de division des tâches. L’urbanisme haussmannien a exclu la nature de la ville, la liberté des plantes symbolisant le laissé faire et la spontanéité. Le jardin doit être sous contrôle. Cette vision binaire a d’ailleurs été préjudiciable aux agriculteurs, devenus dominateurs et conquérants de la nature.

Puis, l’extension des villes a engendré la destruction des jardins ouvriers et familiaux. Aujourd’hui, le retour du jardinage urbain symbolise plutôt un espace de liberté et d’indépendance à l’instar du slogan ‘Sous le pavé, le potager’. Il s’agit de mettre en lien culture de la terre et culture de soi. La vision romantique a laissé la place à une dimension pédagogique et thérapeutique.

L’importance de la participation

 

Le principe du jardin repose sur l’échange : ‘la beauté n’est pas déconnectée du faire’. Les jardiniers expérimentateurs prennent des initiatives et partagent des valeurs. Le jardinier devient citoyen à la fois communicateur, formateur et acteur. Apparaît ainsi une communauté où chacun apprend des autres. Le collectif s’oppose à l’individualisme qui, du fait d’une moindre communication, favorise l’isolement et conduit à l’uniformisation et l’appauvrissement. Le commun est le fruit des apports de chacun et ne doit pas se cantonner à l’application d’un règlement pour garantir un fonctionnement juste. La mobilisation individuelle est indispensable. La participation, pour garantir les échanges et éviter les profiteurs, doit faire coexister trois attitudes : prendre une part, apporter une part et recevoir une part. 

Les jardins partagés évoquent dans leur principe les communaux constitués par les paysans au 12è siècle pour gérer en commun les paquages et les combustibles. Le terrain n’appartient à personne, les fruits sont à tout le monde. L’appropriation est un piège car l’accès à la terre doit rester universel. La propriété est source de conflit et réduit la solidarité. Ainsi le jardin partagé élimine l’attitude ‘Je fais ce que je veux chez moi’.

En conclusion, le jardinage implique la distribution des ressources et nécessite une responsabilisation de tous. Célébrer la nature par le jardin est une condition pour la conserver et assurer la survie de l’humanité.

Claudie Banevitch Demois

Tiers-lieu Le Planty

6 rue de la tonnellerie

49460 Ecuillé

 

 

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