Entretien avec Eric Aubry – Directeur de la Paperie –
Centre National des arts de la rue
(Suite à la rencontre du 3 mai 2016)
La Paperie fait partie d’un réseau de 13 Centres nationaux des arts de la rue (CNAR), créés en 2005 par le Ministère de la Culture et de la Communication, dans le cadre d’un programme triennal. Ce dispositif leur permet de disposer de moyens humains et financiers pérennes pour fonctionner.
L’objectif : permettre la diffusion, la production et la formation aux arts de la rue.
La Paperie intervient à l’échelle régionale et propose 3 types d’action :
Le projet artistique et culturel d’Angers a été construit à partir d’un contrat de 3 ans. Il se termine en 2016.
Le quartier de Monplaisir est l’un des quartiers Nord d’Angers édifié entre 1962 et 1976. Il compte 11500 habitants environ répartis sur 3397 logements dont 2700 logements sociaux. Devenu une cité sensible, enclavée, avec le plus fort taux de chômage du département, il est au cœur d’un projet de renouvellement urbain qui amènera le tramway en son centre.
L’objectif est d’associer les habitants du quartier à la construction d’un projet artistique et de préparer le renouvellement urbain, à travers une réflexion sur la mobilité.
Le projet consiste à faire venir des compagnies qui joueront un rôle d’observateur des usages sur les espaces publics. La volonté est de sortir du cadre classique de consultation des habitants, qui ne mobilise généralement que les mécontents : ‘les habitants professionnels’ et ne donne qu’un regard partiel sur la vie du quartier.
‘La ZUP, c’est moche’
Partant de ce constat, l’équipe effectue un travail sur la marche. Elle établit un protocole de promenades. L’objectif consiste à réaliser des parcours construits comme des récits à partir des notes et photos réalisées par des artistes. Le travail s’effectue sur plusieurs mois avec la présence ponctuelle des habitants qui le souhaitent. L’artiste permet de pousser les limites, de construire un nouveau récit.
A l’instar de Georges Perec dans son essai sur l’infra-ordinaire, il s’agit d’interroger l’habituel :
‘Décrivez votre rue. Décrivez-en une autre. Comparez.’
A l’issue de la mission, force est de constater que l’image du quartier est beaucoup plus verte, végétale et naturelle qu’elle ne semble. Le quartier est ainsi en lien direct avec les bords de Sarthe et le parc de La Rousselière de l’autre côté de la voie ferrée.
L’association prépare toute une série de cartes et de parcours du quartier : un parcours global avec tous les services et équipements, un parcours poussettes, un parcours découverte ….
Ces cartes vont être léguées aux habitants. Elles pourront être adressées aux nouveaux habitants et servir de base de réflexion aux urbanistes en charge du projet de renouvellement de ce quartier.
L’ambition de Eric Aubry est que ce travail débouche sur des actions concrètes concernant la mobilité intra et extra quartier. Pourquoi pas, fabriquer dans le quartier des vélos recyclés vendus ensuite aux habitants ? Revoir les modalités de traversées des piétons ?