Entretien avec Jean Pierre Mauduit – Responsable environnement –
Service Espace VErts de Nantes SEVE
(Suite à la rencontre du 22 janvier 2015)
Vers un patrimoine végétal nécessitant de plus en plus d’interventions
La Direction de l’environnement et des espaces verts de Nantes (SEVE) entretient une surface de 1050 ha dont la gestion est assurée par un service de 400 personnes.
Le SEVE a mis en place un cahier des charges en gestion différenciée pour assurer l’entretien d’espaces plantés de plus en plus importants et diversifiés.
Cependant ce cahier des charges de la Ville n’est pas opposable et par conséquent n‘est pas transmis aux urbanistes et aménageurs dans le cadre des nouveaux aménagements d’espaces publics conduits par Nantes Métropole, maître d’ouvrage et propriétaire.
Les effets prévisibles de certains types d’aménagement se répercutent ainsi sur les contraintes d’entretien, sur la dynamique future des plantations et sur l’impact environnemental et deviennent source de désagréments parfois.
Par exemple, la généralisation de zones de rétention des eaux pluviales sans concertation avec les services en amont peut favoriser :
De même l’emploi de paillages minéraux grossiers dans les plantations n’anticipe pas certains usages dangereux ni la gestion de la végétation spontanée en terme de paysage.
Il faut donc s’attacher à remédier au décalage entre les attentes des usagers et des services techniques et certains aménagements
Outre les parcs et massifs appartenant à la ville, les agents techniques entretiennent aussi les espaces végétaux situés sur la voirie. Une convention d’entretien a été établie avec Nantes Métropole propriétaire des voies, sur une emprise de façade à façade. Le SEVE s’occupe des plantations des pieds d’arbres, des ronds points, des massifs, exceptés les espaces situés sur l’emprise du tramway gérée par la Semitan (TAN).
Par contre il ne prend pas en charge le désherbage des surfaces minérales comme les trottoirs. Ce sont donc les services propreté de Nantes Métropole qui s’occupent de l’élimination de la flore spontanée s’installant sur les voiries.
De la même façon l’entretien des cheminements piétons fait l’objet d’arrêtés différents et parfois contradictoires selon le type de maître d’ouvrage gestionnaire.
Ce manque de cohérence de gestion complique la compréhension par les usagers. Il faudrait a minima réaliser des graduations des types d’entretien, de matériaux et d’accessibilité au niveau des zones de transition entre les territoires.
Les missions assurées par les agents techniques ont fortement évolué ces dernières années. Cette mutation s’explique par la conjugaison de plusieurs phénomènes :
Or la tendance va vers une réduction des moyens affectés au SEVE tout en maintenant le niveau d’exigence.
La mécanisation de certaines tâches et la prise en compte de la pénibilité ne parviennent pas à rétablir l’équilibre entre exigence et coûts. Si les moyens humains restent stables, les dépenses de fonctionnement sont réduites d’année en année.
Le métier de jardinier a été bouleversé culturellement depuis 10 ans passant d’un jardinage comme chez soi basé sur la taille, les traitements et les tontes à un jardinage pour les usagers respectueux de l’environnement.
Un des enjeux de demain est de mieux accompagner la mutation du métier d’agent.
Le SEVE vient d’achever la rédaction de son nouveau guide de gestion. L’ancienne codification des espaces complexe et peu visible du grand public a laissé la place à la mise en place de 4 ambiances pour la ville :
Pour chaque ambiances trois axes d’interventions s’appliquent :
Bien-être et sécurité / Trame verte et bleue / lien social
Il s’agit d’ne démarche plus transversale prenant en compte l’environnement et les usages
L’évolution de la société implique la création continuelle de nouveaux espaces destinés à de nouveaux usages.
Par ailleurs la réglementation à tendance à limiter l’usage de certains sites à une réponse technique comme c’est le cas pour de nombreux bassins de rétention limités à leur fonction hydraulique. Les contraintes d’accessibilité, de mise en sécurité font que de nombreux sites sont entretenus sans intégrer d’autres usages comme par exemple la création d’un théâtre de verdure dans un bassin sec profilé.
En outre la demande sociale évolue vers une pratique de sports libres comme le frisbee ou le boomerang mais aussi vers des interventions artistiques comme le funambulisme entre les arbres, activités compatibles avec ces espaces.
Les collectivités doivent favoriser, accueillir et encadrer les usages spontanés sur l’espace public ou collectif
La Ville a engagé plusieurs années différentes actions associant les habitants dans la gestion d’espaces publics ou collectifs :
Mettre en place davantage d’actions de cogestion des espaces verts permettrait d’améliorer la prise en charge de l’entretien des espaces publics notamment dans les secteurs résidentiels.
Réaliser des projets durables implique de réfléchir davantage en amont à la dynamique des populations végétales et leur entretien futur. Les massifs végétaux créés doivent être adaptés aux usages et au milieu dans lequel ils poussent.
Un autre axe de travail consiste à proposer d’autres usages aux espaces verts.
Ponctuellement des stations gourmandes sont installées sur l’espace public. Les habitants disposent en libre-service de légumes et de petits fruits cultivés dans des palox ou sur buttes et entretenus par la ville.
Des aires de pique-nique sont implantées près de ces plantations de fruitiers et de légumes, favorisant le lien social et le lien à la nature.
Le midi beaucoup de nantais mangent sur place et profitent de ces espaces collectifs.
Dans le même esprit, le jardin des plantes dispose d’une aire d’acclimatation des plantes dans des espaces ouverts au public. Des ateliers pédagogiques de jardinage et de cuisine sont aussi proposés.
Ce type d’action permet de satisfaire le besoin d’appartenance et de reconnaissance des citoyens mais aussi des jardiniers.
Favoriser l’agriculture urbaine est une piste à étudier et à accompagner.